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Vallée Sacrée et cordillère de Vilcanota

Trek du Salcantay et Machu Picchu

Vendredi 14 septembre 2018
Il est un peu plus de sept heures du matin quand nous débutons le trek du Salcantay sous une épaisse couche nuageuse. Pourtant, une heure plus tôt, j'avais pu prendre quelques photos du Humantay au soleil levant. Humantay
Humantay
Ce trek est une alternative au Chemin de l'Inca et aboutit également au Machu Picchu. Cela se remarque tout de suite en voyant les lodges et les emplacements de camping le long des premières centaines de mètres du sentier. Tout au long de la matinée, nous cheminerons avec d'autres personnes.
Le début de la randonnée est assez facile malgré l'altitude. Je me sens plutôt en forme. Il faut dire que notre acclimatation a été facilitée par nos randonnées à la découverte de la Vallée Sacrée. Laissant le Humantay sur notre gauche, nous distinguons bientôt la Salcantay dont la cime émerge peu à peu des nuages qui cherchent à se dissiper. Le sentier se faufile le long d'une grande moraine avant d'aboutir sur une sorte de plateau où nous soufflons avant d'entamer l'ultime ascension vers le col à 4630 mètres. Cette partie est un peu plus compliquée à gérer, je peine quelque peu, le souffle court. Sans doute suis-je parti un peu trop vite, un peu trop confiant. À ces altitudes, cela ne pardonne pas.
Au col, la vue sur la face abrupte du Salcantay est impressionnante, bien qu'il soit panaché de nombreux nuages. Par temps dégagé, ce doit être splendide.
Nous entamons alors une très longue descente... sous la pluie. C'est à Huaracmachay, sous un abri destiné à accueillir des groupes, que nous pique-niquons. Autour de nous, les autres font de même, d'autres tracent droit vers la vallée, sans même prendre le temps de s'arrêter.
La pluie a cessé lorsque nous repartons. Le paysage change rapidement. Nous laissons derrière nous l'univers minéral de la haute montagne, la sierra, pour l'étage tropical avec une végétation de plus en plus dense et luxuriante. Torrent dans la forêt
Torrent dans la forêt
Nous sommes dans la selva, les franges de la forêt amazonienne. Le sentier poussiéreux qui longe un cours d'eau, loin en contrebas, semble interminable. Nous ne cessons de perdre de l'altitude.
Notre campement dans le hameau de Collpapampa, à 2840 mètres, est atteint peu après 17h30 alors que la luminosité est de plus en plus faible. Fin d'une longue journée de randonnée avec 800 mètres de dénivelé positif pour 1800 mètres de négatif et environ 25 kilomètres parcourus.
Samedi 15 septembre 2018
Sous un ciel chargé, le sentier poursuit sa descente le long de la rive gauche de la rivière. La végétation est luxuriante, dense. Bambous, palmiers côtoient orchidées et autres fleurs de toutes formes et couleurs. Par moments, des cris d'oiseaux fusent dans la forêt, mais seul un colibri se montrera. Une des nombreuses orchidées au bord du chemin
Une des nombreuses orchidées au bord du chemin
Quelques courtes côtes permettent de faire un peu dénivelé, mais dans l'ensemble nous perdons encore de l'altitude. Nous faisons une courte pause à Waynapollo où se trouve une plantation de granadillas, des sortes de fruits de la passion orange, le temps de laisser passer une forte averse. Plusieurs emplacements de ce type, avec buvette et vente de fruits, sont installés le long du sentier, reliés à la piste sur l'autre rive par des tyroliennes. Pour traverser la rivière, la tyrolienne est le moyen le plus rapide !
Pour traverser la rivière, la tyrolienne est le moyen le plus rapide !
Protégés par nos capes de pluie, nous descendons jusqu'à la rivière, peu avant le hameau de La Playa. De la plage, nous ne verrons rien. Ce n'est qu'un petit bourg niché le long de la piste, avec d'autant moins de charme qu'il se remet à pleuvoir. Nous faisons le trajet jusqu'à notre camping de Lucmabamba (2040 m) entassés dans une camionnette, pour éviter quelques kilomètres de piste sans grand intérêt.
C'est une petite coopérative agricole qui met à disposition les emplacements pour les tentes. Des caféiers y sont exploités et c'est l'occasion d'en découvrir la culture, mais aussi toute la préparation avec le séchage des graines et la torréfaction.
Dimanche 16 septembre 2018
Dès le début de la longue montée, nous évoluons au milieu de plantations de café exploitées localement. Des baies vertes et d'autres, à maturité, rouges couvrent les arbustes de moins de deux mètres de haut. Ici, la végétation est toujours aussi luxuriante mais les fleurs bien moins présentes.
La pente n'étant pas trop accentuée, le sentier large d'un peu plus d'un mètre, je m'élance. Ce terrain me convient parfaitement et, avec ce temps couvert, le paysage présente peu d'intérêt photographique. Un peu plus haut, j'attends le groupe à une cabane où une dame vend des boissons. La vue est sympathique sur la vallée nichée au creux de flancs de montagne couverts de forêt.
Encore un bon quart d'heure à un rythme soutenu et voilà le col de Llactapata avec son inévitable buvette. Pas de vue ici, nous sommes en pleine forêt. Une très belle forêt, ceci dit, avec des arbres couverts de lichen, ce qui donne une atmosphère étrange, comme hors du temps. Nous la traversons rapidement pour atteindre le site de Llactapata, un avant-poste inca d'accès au Machu Picchu que nous devinons dans le lointain. La brume diffuse et le temps couvert étouffant la lumière n'aident pas mais la forme des montagnes est suffisamment caractéristiques pour ne pas se tromper : Machu Picchu est face à nous.
Situé sur un petit plateau, le site de Llactapata n'est pas très grand. Une partie est encore à l'état de ruines couvertes de végétation, ce qui donne une idée de ce à quoi devaient ressembler les lieux avant le début des travaux de restauration.
Après avoir pique-niqué un peu plus bas, nous entamons une raide descente en zigzag sur un sentier poussiéreux. Arrivés sur les berges de la rivière Aobamba, nous la traversons sur un pont suspendu avant de poursuivre jusqu'à la station hydroélectrique installée sur les rives du Rio Vilcanota. Un peu plus loin se trouve la gare de départ du célèbre Train Bleu du Machu Picchu qui nous mènera à Aguas Calientes. L'ambiance dans cette gare est étonnante avec les sacs des touristes amoncelés en tas plus ou moins ordonnés, attendant d'être chargés dans wagons, les touristes eux-mêmes déambulant au milieu des voies le long desquelles sont installées des boutiques. Le train bleu à la gare de la station hydroélectrique
Le train bleu à la gare de la station hydroélectrique
Le voyage en train dure trois quarts d'heure pour environ onze kilomètres. Dans les premiers hectomètres, plusieurs changements de direction permettent au train de prendre un peu d'altitude. Les paysages traversés sont superbes, des arbres et des orchidées colorées partant à l'assaut des pentes si abruptes qu'elles paraissent être des falaises.
Il est possible de rallier Aguas Calientes par le sentier le long de la voie ferrée. Cela aurait été une option très intéressante, mais la journée de randonnée aurait été un peu longue.
Arrivé à la petite ville, nous nous installons à l'hôtel Sierra Andina Presidente, au bord de la voie ferrée qui traverse la bourgade. Pas de route ici, seul le train permet d'y accéder. Sculpture dans les rues d'Aguas Calientes
Sculpture dans les rues d'Aguas Calientes
Notre chambre est spacieuse avec une vue sur la rivière. Avant d'aller dîner au restaurant, nous faisons une visite de nuit d'Aguas Calientes. La ville présente peu d'intérêt, si ce n'est d'être le point de départ pour accéder au Machu Picchu.
Lundi 17 septembre 2018
Machu Picchu. Un nom mythique pour un lieu qui ne l'est pas moins. Visiter le site se mérite, tant d'un point de vue financier (l'accès à Aguas Calientes par le train est relativement onéreux, notamment), que par la foule qui s'y presse.
Nous prenons le bus à 6h35 après une attente d'un bon quart d'heure dans les rues de la ville. C'est un véritable noria de navettes qui monte les touristes là-haut, plus d'une vingtaine d'entre elles se trouvent sur la piste à tout moment. Il est possible de faire l'ascension à pied par un sentier assez raide qui coupe à plusieurs reprises cette piste. C'est gratuit, mais plus long et sans véritable intérêt en ce qui concerne le paysage.
Après vingt minutes de lacets, nous sommes à l'entrée du Machu Picchu. Machu Picchu
Machu Picchu
La foule n'est pas encore là, même si les touristes sont assez nombreux. Nous montons à la maison du gardien où nous avons une très belle vue plongeante sur le site. Des nuages mouvants, une belle lumière sur les ruines : nous profitons du spectacle et je fais tout une série de photos. Ensuite, nous nous dirigeons au pont de l'Inca, un incroyable chemin tracé sur la vertigineuse face verticale aperçue hier depuis la gare de la station hydrothermale, visible d'ailleurs depuis cet endroit, là-bas, tout au fond de la vallée où coule la rivière.
Au total, nous consacrons plus de trois heures de visite avec les explications complètes de Robinson sur l'histoire des lieux.
Le 24 juillet 1911, l'archéologue américain Hiram Bingham, de l'université de Yale, s'aventure pour la première fois sur les terrasses du Machu Picchu. L'histoire lui attribuera la découverte (ou plutôt la redécouverte) du fabuleux site inca. En réalité, celui-ci était bien connu des paysans vivants dans les hameaux au pied de la montagne. C'est d'ailleurs l'un d'entre eux, Melchor Arteaga, secondé à la fin par le jeune Pablito, qui le guida jusque là. Les ruines étaient couvertes par une dense végétation mais Bingham comprit rapidement qu'il s'agissait d'une découverte de première importance.
Jusqu'en 1915, il conduira trois expéditions pour dégager et explorer les lieux, ces expéditions étant financées par l'université de Yale et la société du National Geographic. Dans le Machu Picchu
Dans le Machu Picchu
Si le site a une telle aura, c'est parce qu'il est considéré comme étant le refuge du dernier inca fuyant l'invasion espagnole. En réalité, il s'agissait d'une véritable ville principalement destinée au clergé et aux étudiants, chacun disposant de ses propres quartiers.
Il est maintenant temps de regagner Aguas Calientes par le bus. La foule, bien plus dense depuis dix heures, continue à affluer, engorgeant certains passages où les gardiens pressent les visiteurs de laisser la place aux suivants. Nous sommes vraiment là dans le tourisme de masse. Dans mon souvenir, lors de mon précédent passage ici en 2004, il y avait bien moins de monde, un réflexion que je m'étais déjà faite à Cusco.
Nous déjeunons dans la ville puis, après un peu de temps libre, nous prenons le train à la gare aux alentours de seize heures. Les lieux sont bondés et il faut jouer des coudes pour se faufiler jusqu'à notre train. Le wagon voisin du nôtre comprend une zone sans vitre aux fenêtres afin de pouvoir prendre des photos. C'est vraiment l'idéal pour profiter du soleil couchant sur le mont Veronica qui se dévoile à nos regards peu avant l'arrivée. La ligne ferroviaire suit la rivière et aboutit à Ollantaytambo où nous prenons le bus pour regagner Cusco.

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