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Cordillère Huayhuash

De Llamac à la laguna Mitucocha

Jeudi 9 juin 2016
Dans un bus, nous partons tôt de Chiquian, ville en plein travaux. Ils ne font pas les choses à moitié ici : toutes les rues du centre sont éventrées par les travaux de remplacement de canalisation. Notre chauffeur se trompe de route et entreprend un demi-tour audacieux sur une chaussée goudronnée étroite, juste après un virage en épingle. Pourquoi pas... Toujours est-il que nous retrouvons la bonne piste qui descend au fond d'une gorge où coule le Rio Pativilca. Un peu plus loin, nous bifurquons vers l'est, longeant le Rio Llamac pour arriver au village de Llamac, terminus pour notre bus et véritable début de notre trek. Nous y rencontrons les trois muletiers qui vont nous accompagner pendant ces deux semaines de trek. Pas moins de dix-huit mules et trois chevaux, dont l'un de secours, sont nécessaires pour le transport des tentes, de nos bagages et de la nourriture. Il faut dire que nous serons en autonomie totale quasiment tout le long du trek. Carte du trek de la cordillère Huayhuash
Carte du trek de la cordillère Huayhuash
10h10. Bâtons de randonnée en mains, casquette et crème solaire étalée sur nos visages et nos bras, nous voilà partis par un sentier quittant Llamac en faisant de nombreux lacets qui atténuent la rudesse de la pente. Les aloes laissent rapidement la place à des fleurs multicolores et quelques cactus. Aux alentours de midi, après 600 mètres de dénivelé, nous nous arrêtons à côté d'une petite cabane jaune pour pique-niquer. Nous sommes à 3900 mètres d'altitude, et si l'on excepte le vent, il fait relativement doux. Les muletiers, pourtant partis après nous, nous dépassent rapidement. Nous avons une jolie vue sur la vallée, d'autant plus que le ciel bleu cherche à repousser les nuages menaçants qui s'accumulent à l'est. Du côté de Pampa Llamac
Du côté de Pampa Llamac
Nous repartons sur le sentier à flanc de colline, quasiment sur la courbe de niveau des 4000 mètres, évitant le col Pampa Llamac. Il fait chaud au soleil et au détour d'un virage, les premiers sommets de la cordillère Huayhuash s'offrent à nos regards. Nous les aurons en ligne de mire jusqu'à notre arrivée au camp. Le sentier est en balcon, sans difficultés, si ce n'est deux murets à escalader et nous arrivons sur une large vallée où se dressent quelques cahutes sommaires aux murs de pierre et toits de chaume. Des paysans y vivent, veillant sur les vaches qui paissent dans ces alpages. Jirishanca et Yerupajá Chico
Jirishanca et Yerupajá Chico
Encore un petit effort et nous arrivons au camp dressé sur les berges de la laguna Jahuacocha (4050 m) face aux glaciers et pics enneigés qui accrochent les nuages. Les sommets du Rondoy, du Jirishanca et du Yerupajá, le seigneur des lieux, second plus haut sommet du Pérou, nous dominent, majestueux.
Vendredi 10 juin 2016
À notre lever, les pics enneigés face à nous sont dégagés. Au programme de la journée, une randonnée en aller-retour vers la laguna Rasac, jolie façon de peaufiner notre adaptation à l'altitude. Nous partons vers 08h30 le long de la rive gauche de la laguna Jahuacocha (4051 m), marchant au milieu des troupeaux de vaches. Arrivés au bout du lac, un vague sentier sur notre droite s'élève graduellement dans la vallée de Rasac au milieu des lupins et d'autres fleurs jaunes. Laguna Cochancota
Laguna Cochancota
Au détour d'un virage, des montagnes couronnées de glacier s'offrent à nos yeux. Il s'agit du Rasac qui nous masque la vue sur le Yerupajá, le seigneur de la cordillère Huayhuash. Nous poursuivons jusqu'au lac de Cochancota (4331 m). Ses eaux couleur émeraude sont cernées de montagnes, du Rasac au Tsacra. Après une pause pour admirer le paysage, nous repartons en direction d'une moraine où le sentier, raide, serpente jusqu'à la laguna Rasac. Ses eaux laiteuses ne laissent aucun doute sur sa nature : il s'agit bien d'un lac glaciaire. Nous sommes là à 4603 mètres d'altitude, le souffle est court mais quelle vue ! Laguna Rasac
Laguna Rasac
Il est bientôt temps de rebrousser chemin pour regagner notre camp au bord de la laguna Jahuacocha en empruntant le même chemin qu'à l'aller. Nous mangeons là sur les coups de 14h30 avant que ne tombe une grosse averse heureusement sans suite.
Samedi 11 juin 2016
Nous quittons le campement vers 07h30 pour longer la rive droite de la laguna Jahuacocha. Le soleil se lève derrière la muraille enneigée courant du Rondoy au Yerupajá. Il fait beau mais nous cheminons à l'ombre, sous une certaine fraîcheur, avant que le sentier ne commence à s'élever. Nous atteignons une sorte d'alpage d'où la vue est splendide sur la laguna Solteracocha aux eaux bleues nichées au creux d'une moraine. Face à nous, les pics de la cordillère Huayhuash. Magnifique. Il n'y a pas d'autre mot. Le Yerupajá est particulièrement impressionnant, dominant ses voisins. Laguna Solteracocha et Yerupajá
Laguna Solteracocha et Yerupajá
Notre ascension se poursuit jusqu'à un autre point de vue tout aussi grandiose. Il nous reste alors 200 mètres à gravir pour atteindre le col Sambuya (4750 m) où nos muletiers nous rattrapent. Nous poursuivons à flanc jusqu'à un autre col avec une belle vue sur le sommet du Ninashanca accrochant quelques nuages. La descente dans la vallée se fait tranquillement le long d'un sentier bien tracé. Plus bas, un autre lac semble bien petit au pied du Ninashanca. Ninashanca
Ninashanca
Nous pique-niquons au bord d'un ruisseau, au milieu des lupins, dans ce décor de haute montagne avant de traverser des alpages le long d'une piste. Des moutons paissent par endroits, guère farouches.
Nous arrivons peu après 14h30 à notre camp situé à Matacancha (4180 m).
Dimanche 12 juin 2016
Un vent froid nous cueille à la sortie de la tente et c'est sous un ciel couvert que nous commençons à marcher vers 07h45. Le sentier s'élève immédiatement, avec une pente soutenue que les nombreux lacets permettent toutefois d'aborder relativement bien.
À l'occasion d'une première pause, un condor nous survole de près, les ailes déployées. L'envergure de l'oiseau est impressionnante. Un peu plus loin, c'est une viscache que nous apercevons dans un pierrier. Cet animal typique des Andes ressemble à un chinchilla ou à un lapin doté d'une queue d'écureuil.
Le temps se dégage, nous permettant d'apprécier le paysage de montagnes calcaires aux parois verticales qui n'est pas sans évoquer les Dolomites. Après le passage d'un court pierrier où les muletiers nous rattrapent, le sentier s'élève franchement jusqu'au col Cacanan (4690 m). De là, une nouvelle vallée s'offre à nos yeux, un paysage différent également, avec des montagnes plus basses, des sommets plus arrondis. Nous entamons la descente mais laissons rapidement le sentier pour nous engager à flanc, suivant Carlos qui nous a proposé une variante. Jirishanca
Jirishanca
Après quelque temps, les sommets enneigés du Jirishanca refont leur apparition sur notre droite tandis que de l'autre côté une sorte de lèvre rocheuse barre le paysage. Nous poursuivons notre chemin par une descente hors sentier au milieu d'une herbe rase. Petit à petit, la laguna Mitucocha émerge, une de ses rives étant couverte de roseaux. Nous y descendons sans problème pour bénéficier d'un panorama à couper le souffle sur un amphithéâtre de parois et glaciers avec les sommets du Jirishanca, du Rondoy et du Ninashanca. Reflet du Jirishanca dans la laguna Mitucocha
Reflet du Jirishanca dans la laguna Mitucocha
Alors que nous nous apprêtons à pique-niquer dans ce cadre majestueux, je parcours les rives du lac pour prendre de nombreuses photos. Malgré l'heure, il est midi, la lumière permet de bénéficier de superbes reflets des montagnes dans les eaux sombres.
Après le repas, nous suivons la rivière issue de la laguna Mitucocha pour descendre à notre camp de Janca situé un peu plus aval. Je ne peux m'empêcher de me retourner à intervalles réguliers pour admirer le paysage derrière moi, avec les sommets de la cordillère Huayhuash se reflétant dans le ruisseau tranquille. Reflet du Jirishanca
Reflet du Jirishanca
Bien qu'éloigné de la laguna, notre campement est idéalement situé. La vue y est magnifique.
Il n'est pas tard, je me sens en forme, aussi je repars rapidement, seul, explorer les alentours. Un sommet arrondi à proximité m'attire particulièrement et j'espère bien y prendre quelques photos. Je trace mon chemin à l'instinct, il n'y a pas de sentier ici. La pente est assez rude, mais en dosant mon effort cela passe sans problème. Peu avant le sommet, je suis arrêté par une clôture de fil barbelé que je longe avant d'arriver à un muret. Rapidement enjambé, il me permet de gagner l'épaule arrondie formant le sommet. Un chouette panorama s'offre à moi avec le Jirishanca et le Ninashanca en toile de fond. Pourtant, je n'ai pas le paysage que j'escomptais, et donc je ne peux pas prendre les photos que j'espérais. Qu'à cela ne tienne, je redescends droit dans la pente par un autre versant pour gagner la rive gauche de la rivière suivie un peu plus tôt. Au passage, j'aboutis sur le sentier que nous aurions dû prendre si Carlos ne nous avait pas fait passer par sa variante ce matin. Reflets du Ninashanca, Jirishanca et Rondoy
Reflets du Ninashanca, Jirishanca et Rondoy
Là, je dégaine mon appareil photo pour une série d'images avec le reflet du Jirishanca dans les eaux du ruisseau. J'ai enfin les photos que j'espérais. Il ne me reste plus qu'à longer la rivière pour rejoindre le pont à proximité du camp et regagner ma tente où Nathalie m'attend.

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