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Cordillère Huayhuash

Acclimatation en cordillère Blanche

Samedi 4 juin 2016
Les menaces de grève chez les contrôleurs aériens français envolées, c'est l'esprit serein que nous partons pour ce trek au Pérou autour de la cordillère Huayhuash.
Notre avion décolle de Nantes à 07h00 pour arriver à Madrid une heure et demi plus tard. Nous profitons de la longue attente pour nous promener dans l'aéroport madrilène avant de prendre notre vol de correspondance qui part pour Lima à 13h00. Après douze heures de vol et quasiment 10000 kilomètres, nous mettons enfin les pieds au Pérou ! Il est 18h00, la nuit tombe et le décalage horaire de sept heures commence à se faire sérieusement sentir...
Carlos, notre guide, nous attend juste après le passage à la douane. Nous retrouvons les autres membres de notre groupe de randonneurs. Nous sommes dix personnes, ce qui nous convient parfaitement : ni trop, ni trop peu. Nous montons dans un bus qui nous mène à l'hôtel Habitat, dans le quartier un peu chic de Miraflores au sud de la capitale péruvienne. Nous avalons rapidement une soupe au restaurant de l'hôtel avant que la fatigue ne finisse par nous avoir.
Dimanche 5 juin 2016
Après un petit déjeuner copieux, nous partons tôt pour l'une des gares routières de Lima. Nous devons en effet prendre un car en direction de Carhuaz, au pied de la cordillère Blanche.
Il y a peu de circulation en ville. Il faut dire qu'il est à peine 08h00 quand nous prenons la route et que ce dimanche est jour de vote au Pérou. Le centre de Lima laisse rapidement place à des quartiers périphériques aux constructions plus ou moins sommaires, parfois accrochées sur les collines. Plus au nord, une zone désertique prend le relais : des roches, du sable mais aussi parfois quelques maisons et de nombreux poulaillers. Sur la gauche de la route, l'océan Pacifique se laisse deviner au travers d'une brume diffuse qui ne nous a pas quitté depuis Lima.
Après Barranca, la route s'oriente vers l'est et ne tarde pas à s'élever en lacets. À mesure que nous prenons de l'altitude, la brume se déchire et le ciel finit par apparaître. Autour de nous, les montagnes ne sont que des amas de rochers et seul le lit de la rivière est occupé par de la végétation et des cultures d'arbres fruitiers. Par endroits, des piments étendus sur de vastes bâches sèchent au soleil.
Le paysage change aux alentours de 3000 mètres. Les flancs des montagnes se couvrent d'herbe. Les derniers lacets nous mènent au col de Conococha à 4080 mètres d'altitude, sous un ciel couvert de gros nuages gris. L'altiplano s'offre à nos regards sur fond de sommets enneigés : la cordillère Blanche est là.
Nous prenons la direction du nord, le long du rio Santa. Huaraz, la grosse ville de la vallée, est rapidement traversée puis le car nous dépose à Marcara, une petite ville située quelques kilomètres avant Carhuaz. Nous logeons là, à 2750 mètres d'altitude, pour deux nuits, au centre andin Casarosso.
Lundi 6 juin 2016
Avec un léger mal de tête et peu d'appétit, le petit déjeuner est vite expédié avant que nous ne prenions la route pour notre randonnée d'acclimatation en Cordillère Noire. En chemin, nous nous arrêtons à Yungay, ville entièrement détruite par un séisme en 1970. Ce jour-là, un tremblement de terre a fait déferler un amas d'eau, de terre et de rochers des flancs du Huascaran sur la ville. Cimetière de Yungay
Cimetière de Yungay
Seul le clocher émerge toujours de la couche de roches sous laquelle reposent toujours les maisons. Ce lieu de mémoire est surplombé par le géant péruvien, le Huascaran (6768 m).
Les nuages commencent à monter tandis que nous reprenons la route pour la Cordillère Noire. Les lacets s'enchaînent à mesure que nous gagnons de l'altitude. Par la fenêtre du mini-bus, je vois la terre rouge où s'enracinent les eucalyptus céder la place à de la roche ocre et blanche. Plus haut, des mines de charbon s'ouvrent au bord de la route.
Le bus nous dépose à 3900 mètres d'altitude et nous entamons péniblement notre randonnée sous le soleil, même si les nuages s'accumulent, de plus en plus nombreux, sur les sommets enneigés de la Cordillère Blanche qui nous fait face. Au milieu de l'herbe rase qui couvre le sol, de grosses plantes paraissent presque incongrues. Il s'agit de puyas raimondii, des fleurs de la famille des broméliacées qui ne fleurissent qu'une seule fois avant de mourir. Puya Raimondii
Puya Raimondii
L'altitude et un mal des montagnes modéré se font sentir alors que la pente n'est pas prononcée. J'ai du mal à avancer, du mal à trouver mon souffle. Je me doute que cela ira mieux dans quelques jours car j'ai toujours ce type de symptômes à l'arrivée en haute altitude, mais cela me contrarie quand même. Nous atteignons un sommet à 4260 m où la vue sur la Cordillère Blanche aurait pu être splendide sans les nuages solidement accrochés à ses sommets. Après une descente par une piste très poussiéreuse, suivie d'une petite remontée (toujours aussi pénible, le souffle bien trop court pour en profiter) jusqu'à un col indiqué à 4314 m, nous retrouvons le bus qui nous ramène à notre logement à Marcara.
Mardi 7 juin 2016
Nous quittons Marcara en bus pour rejoindre Honkopampa par une piste traversant plusieurs villages où l'on fête aujourd'hui le drapeau national. Il s'agit d'une fête à part entière, distincte de la fête nationale, où les drapeaux sont hissés et les gens bien habillés défilent dans les rues.
Juste avant d'arriver à destination, il faut s'acquitter d'un droit d'entrée. Le camping se trouve juste après le village, sur un espace à peu près plat entouré de montagnes couronnées de neiges éternelles. Nous laissons là Pablo, notre cuisinier, et Tony, son fils qui le secondera tout au long du trek, et nous partons randonner dans la vallée d'Akilpo, au coeur de la Cordillère Blanche. À 3550 m, l'altitude se fait déjà sentir au niveau du souffle, mais le sentier est bien tracé et assez agréable. S'élevant assez franchement au début, sa pente s'adoucit à l'arrivée dans une forêt de quenuals. Ces arbres emblématiques des Andes se caractérisent par leur écorce aux teintes rouges qui part en copeaux fins comme du papier à cigarette.
Nous cheminons en rive gauche ou droite de la rivière en fonction des petits ponts de pierre ou de bois que nous traversons. La gorge dans laquelle nous nous trouvons est assez étroite, surplombée de hautes falaises. Nous arrivons sur un replat vers 4150 m d'où nous avons une jolie vue sur les sommets du Akilpo (5495 m) et du Tacllaraju (6034 m) malgré les nuages qui ont envahi les sommets à partir de onze heures. Dans la vallée d'Akilpo
Dans la vallée d'Akilpo
Le pique-nique rapidement avalé dans ce cadre bucolique, nous redescendons à notre camp à Honkopampa par le même sentier. Ces cinq heures de marche auront été une bonne mise en jambes.
En fin d'après-midi, nous allons visiter le site pré-incaïque à côté du village. Site archéologique d'Honcopampa
Site archéologique d'Honcopampa
D'anciens mausolées aux formes évoquant de petites pyramides se dressent au milieu d'un petit plateau. L'endroit est plaisant, surtout sous cette lumière dorée de la fin de journée, mais il n'est pas vraiment mis en valeur et manque d'explications que Carlos peut, heureusement, nous apporter.
Mercredi 8 juin 2016
Après une nuit entrecoupée par les aboiements des chiens rôdant autour du campement et une petite averse sur les coups de six heures du matin, nous émergeons de la tente sous un ciel chargé pour entamer une randonnée facile jusqu'à Vicos (3100 m). Nous suivons ainsi une piste qui traverse des champs cultivés et des bosquets d'eucalyptus puis des villages ruraux où les habitants mènent leur bétail aux champs : vaches, ânes, moutons et cochons. Séchage du maïs dans les rues d'un village
Séchage du maïs dans les rues d'un village
Á Vicos, après le repas pris avec la famille de Pablo, nous reprenons le bus pour rallier Chiquian. La route remonte la vallée du Rio Santa par la route que nous avions prise dimanche. Nous faisons une première pause à l'atelier Don Bosco, une association à but non lucratif qui aide des jeunes péruviens à s'intégrer en travaillant le bois et la pierre. Les meubles et sculptures présentés sont d'excellente qualité.
Plus loin, nous faisons une dernière pause à Huaraz, la plus grosse ville de la vallée avec plus de cent mille habitants. Nous nous promenons dans le marché couvert, où nous voyons des fruits que nous ne connaissions pas comme le chirimoya, sorte de grosse mangue à la chair blanche juteuse et sucrée, et des boucheries vendant des cochons d'Inde. Après une bonne bière ambrée locale, une Sierra Andina Alpamayo, bue dans un bar fréquenté par des randonneurs et alpinistes occidentaux, nous retrouvons le bus, chargé entre temps avec des victuailles, et nous reprenons la route. Au col de Conococha, l'altiplano est déjà plongé dans la pénombre. La descente, vertigineuse, sur Chiquian se fait en pleine nuit, seuls les phares du bus éclairant les lacets.
Nous logeons à l'hôtel Los Nogales, au coeur de la petite ville. Si extérieurement l'établissement ne paie pas de mine, l'intérieur est charmant avec son large patio fleuri est les murs des bâtiments peints de vives couleurs.

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