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Kirghizstan

De la rivière Karakol à la vallée de Jumgal

Vendredi 6 septembre – Trek de la rivière Karakol à la rivière Soeik
Dénivelé : +1000 m / -800 m / 6h00 de marche

Nous quittons notre camp sur les coups de 08h45 en cheminant d'abord sur une vaste plaine à l'herbe verdoyante avant d'amorcer la montée vers le col de Boutchouc tandis que le ciel se couvre progressivement de nuages. Suivant où portent nos regards, on devine bien que la pluie tombe par endroits. Certains des sommets les plus élevés, au nord, sont d'ailleurs poudrés de neige tombée hier soir.
La montée se fait aisément dans des alpages où paissent de nombreux troupeaux de chevaux. Ça et là se trouvent des yourtes et mêmes de vieilles roulottes montées sur pneus où vivent des bergers. A l'occasion d'une halte auprès d'une de ces roulottes, nous goûtons le fameux kumiz, du lait de jument fermenté. Le liquide d'un blanc tirant légèrement sur le gris est aigre mais pas aussi mauvais que j'avais pu le lire avant de commencer ce voyage.
Le sentier, toujours orienté au sud, passe par la droite d'une sorte de langue minérale. Les yourtes disparaissent à mesure que nous nous élevons, le ciel est très changeant. Nous cheminons parmi des affleurements granitiques et finissons par atteindre le col de de Boutchouc (3350 m). Au nord, la vue s'étend sur le vaste plateau que nous avons parcouru hier. De l'autre côté, c'est le massif de Sandyk dans lequel nous allons descendre. Mais, auparavant, je gravis un sommet arrondi, 60 mètres au-dessus du col, côté ouest, pour bénéficier d'une autre vue et prendre quelques photos. La rivière Soeik
La rivière Soeik
Dans la descente dans la vallée, nous avons une belle vue sur des épaulements assez doux, couverts d'herbe, d'où affleurent des rocs granitiques. La vue porte loin, nous profitons de ces grands espaces. Nous apercevons régulièrement de gros trous de marmottes, sans voir un seul animal, malheureusement.
Nous pique-niquons à l'abri du vent avant de rejoindre, passant par une petite gorge, notre camp au bord de la rivière Soeik (2500 m).
Samedi 7 septembre 2013 – Promenade aux alentours de la rivière Soeik
Dénivelé : +300 m / -300 m / 2h00 de marche

Samedi, c'est jour de repos ! Heureusement, ce n'est pas toujours ainsi en trek, mais cette journée libre n'est pas désagréable.
Je l'entame par quelques photos matinales au bord de la rivière avant que, petit-déjeuner avalé, nous remontions la vallée pour aller visiter une yourte. Une famille kirghize vit là, père, mère, grand-mère et deux enfants, une petite fille et un bébé d'à peine une semaine. La maman est allée accoucher dans une petite ville dans la vallée, à quelques heures de piste de là. Ces gens habitent dans la yourte de mai à fin septembre pour garder un troupeau de moutons dont ils ne sont pas propriétaires. La yourte, petite mais bien organisée, est constituée de soixante-cinq arceaux de bois maintenus par le toono, la couronne centrale où ils viennent s'emboîter. Un poêle à côté de l'entrée permet de chauffer les lieux. Il est régulièrement alimenté avec des bouses séchées. La yourte, habitat typique des bergers kirghizes
La yourte, habitat typique des bergers kirghizes
Après un repas tardif à notre campement, nous partons à quatre faire une petite randonnée avec pour objectif l'ascension d'un petit sommet en face du camp, de l'autre côté de la rivière. Trente minutes plus tard, ayant cheminé plus ou moins droit dans la pente du fait de l'absence de sentier, nous voilà arrivés, deux cent cinquante mètres au-dessus de la rivière. Nous avons une belle vue sur plusieurs vallées et nous apercevons également, minuscule, la yourte que nous avons visitée ce matin.
Nous rejoignons un autre petit sommet voisin, à peine vingt mètres plus haut, avant de redescendre vers une piste qui nous ramène au campement sous une superbe lumière rasante.
Dimanche 8 septembre 2013 – Trek de la rivière Soeik à la vallée de Jumgal
Dénivelé : +1100 m / -900 m / 8h00 de marche

Nous quittons le camp peu après huit heures pour une longue journée de marche. Après avoir traversé le vieux pont de pont deux cents mètres en amont, nous redescendons le long de la rive droite du torrent au milieu de pâtures où s'égayent de nombreux chevaux. Le dénivelé est faible, à peine une cinquantaine de mètres avant que nous n'obliquions sur la droite, plein sud, pour remonter un vallon. Derrière nous, de l'autre côté de la vallée de Sandyk, nous pouvons apercevoir le col de Boutchouc franchi vendredi.
Nous progressons encore un peu, remontant une vallée, avant d'emprunter un sentier sur notre gauche, direction sud-est, à la confluence de deux torrents. Le sentier est bien marqué, la pente régulière, mais il fait relativement chaud, d'autant plus que nous sommes à l'abri du vent. Au détour d'un lacet, nous rencontrons un troupeau de vaches au milieu desquelles se trouvent des dzos, fruits des amours d'une vache et d'un yack. Le sentier, à nouveau plein sud, s'élève plus franchement pour gagner le col de Saryk, annoncé à 3540 mètres sur la fiche technique de notre trek, mais marqué à 3350 mètres sur mon altimètre (que je n'ai pas étalonné). Mine de rien, nous venons de faire quasiment mille mètres de dénivelé depuis notre point le plus bas. Vue depuis la passe de Saryk (3540 m)
Vue depuis la passe de Saryk (3540 m)
Le ciel bleu parsemé de quelques nuages blancs nous laisse voir un beau paysage à 360°. Sur les montagnes environnantes paressent des troupeaux de chevaux en liberté.
Après le pique-nique, nous entamons la descente dans un vallon orienté au sud-est. Les lieux sont très sauvages. Il nous faut marcher un certain temps avant de voir une habitation très sommaire, une simple tente où vivent une dame et sa petite fille, le mari étant le berger à cheval aperçu peu avant sur les pentes herbeuses de la montagne.
Après avoir rejoint une piste semblant assez récente, nous la laissons rapidement de côté à proximité d'un petit étang pour cheminer sur une sente à flanc de de montagne. Derrière nous, les nuages noirs et menaçants s'amoncellent sur la passe de Saryk. Quelques instants plus tard, nous découvrons la vallée de Jumgal avec la petite ville éponyme nichée un peu plus à l'ouest.
De violentes rafales de vent nous fouettent le dos, soulevant des nuages de poussière autour de nous, et quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Heureusement, notre campement situé à 2600 mètres d'altitude n'est plus très loin, à proximité d'une ligne électrique et d'un petit ruisseau... à sec. Ce soir, ce sera toilette à la lingette sous la tente !
Lundi 9 septembre 2013 – Trek de la vallée de Jumgal au pied du col de Tuiz Achou
Dénivelé : +500 m / -650 m / 6h00 de marche

En cours de nuit, j'ai été malade, vomissant mon repas du soir, aussi la journée a-t-elle été un peu difficile. Nous franchissons rapidement la piste reliant Chaek à Kochkor au niveau de la passe de Kyzart (2664 m). Au col, d'anciens wagons ont été reconvertis en bistrot et restaurant routier pour les véhicules qui passent là régulièrement.
Une fois la piste traversée, nous marchons sur une large plaine avant d'attaquer la première difficulté de la journée, le col de Tcharatcha. La montée ne présente aucune difficulté et le dénivelé est assez modeste, pourtant ce sera une petite épreuve pour moi. Je n'ai pas de forces, mon pas est traînant, je titube par endroits et il me faut m'arrêter pour me reposer sur un rocher au bord du sentier le temps d'avaler des fruits secs. Cela me donne le coup de fouet nécessaire pour me hisser au col.
La descente s'effectue sans problème pour contourner la montagne que le col nous a permis de franchir. Le massif de Kilemche, qui s'étend face à nous, est marqué par la présence de quelques arbustes, des genévriers pour la plupart. Cela mérite d'être souligné, car ce sont les premiers arbres que nous voyons depuis la vallée de Shamsy ! Chevaux aux alentours de la vallée de Jumgal
Chevaux aux alentours de la vallée de Jumgal
Nous pique-niquons au bord d'un torrent aux eaux assez fraîches avant de franchir un second col à 2650 mètres d'altitude. La descente nous mène dans une large vallée parcourue d'un cours d'eau où se trouvent plusieurs fermes aux murs de terre rappelant celles que nous avons vues au Maroc.
Nous franchissons la rivière sur un petit pont avant de remonter par la piste pour gagner notre campement installé à 2450 mètres d'altitude au pied du dernier col de notre trek que nous franchirons demain. Ciel d'orage sur le massif de Kilemche
Ciel d'orage sur le massif de Kilemche
Toute la journée s'est déroulée sous un beau ciel bleu et une forte chaleur de l'ordre de 30°C, mais à notre arrivée au camp, les habituels nuages menaçants pointent leurs nez au nord sur les massifs que nous venons de franchir.
Avant de prendre notre repas, Nathalie et moi allons voir les gens vivant dans une yourte à proximité. Ils sont en pleine traite de leurs vaches et, par gestes (ils ne parlent que le kirghize) nous invitent à essayer à notre tour, puis à partager un peu de kumiz avec eux.

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