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Jordanie

Au coeur de Pétra

Vendredi 26 avril 2019
L'entrée du site de Pétra se trouve en fait à quelques centaines de mètres de notre campement. Munis de nos billets valables deux jours (55 dinars soit environ 70 euros, l'entrée) qu'Abdel est allé chercher de bon matin, nous y pénétrons, empruntant rapidement un très beau sentier en balcon dans le Jabal al-Deir. Tracé de la randonnée pour rejoindre Pétra
Tracé de la randonnée pour rejoindre Pétra
Des vues panoramiques sur les montagnes et les canyons à l'ouest s'offrent à nos regards émerveillés. Au-delà s'étend la vaste plaine du Wadi Arabah, le rift, puis dans la brume de chaleur et de poussière, les contreforts d'Israël. Panorama depuis le sentier du Jabal al-Deir
Panorama depuis le sentier du Jabal al-Deir
Au détour d'un virage, nous découvrons le fronton du Monastère, alias Al-Deir. Encore quelques centaines de mètres et nous voilà face à l'impressionnant bâtiment. Sa façade de cinquante mètres de haut sur autant de large a été sculptée dans la montagne de grès tendre. À l'origine, il s'agissait du tombeau du roi nabatéen Obada Ier avant qu'il ne soit reconverti en église par les Byzantins au Ve siècle. Dommage pour les photos, le soleil n'est pas idéalement placé. Il est préférable pour les photographes d'y être l'après-midi pour bénéficier de la meilleure lumière. Le Monastère (Al-Deir)
Le Monastère (Al-Deir)
Peu après, le sentier se transforme en escaliers pour une longue descente jalonnée de nombreuses boutiques. Avant 1984 et le classement du site au Patrimoine Mondial de l'Humanité de l'UNESCO, le lieu était habité par les bédouins. Les plafonds noircis des bâtiments creusés dans la roche témoignent d'ailleurs de cette époque où des feux de camp étaient allumés là pour préparer les repas. Le roi Hussein leur a alors demandé de quitter l'endroit en échange du droit exclusif d'y implanter ces petites échoppes.
De nombreux rochers ont été sculptés, excavés, pour y bâtir tombeaux et lieux d'habitation. Des escaliers érodés serpentent régulièrement sur les parois de grès rose ou blanc. Il s'agissait de moyen d'entretenir les multiples canaux qui sillonnent le site. Il s'agissait d'acheminer l'eau des pluies torrentielles dans de grands bassins, eux aussi creusés dans la pierre, afin de passer la saison sèche sans problème.
Nous déjeunons tôt pour éviter la foule. Les colonnes du Grand Temple
Les colonnes du Grand Temple
Pour la suite de la visite, passé les ruines du ksar al-Bint (le Château de la Fille), nous voilà face au Grand Temple. L'influence romaine est flagrante. On se croirait presque à Rome dans le Forum. Des colonnes de pierre ont été jetées à terre par l'un des séismes qui contribuèrent à la chute de Pétra.
Sous le soleil et une température de 30°C, nous suivons le sentier al-Farasa qui se faufile, à la faveur d'escaliers taillés dans la pierre, au milieu d'édifices excavés dans la paroi rocheuse. Il s'agit exclusivement de tombeaux, dans cette partie du site, assez peu fréquentée par les touristes. Tombeau le long du sentier al-Farasa
Tombeau le long du sentier al-Farasa
Après la Fontaine du Lion et son félin gravé dans la paroi, un dernier effort nous mène au Haut-Lieu du Sacrifice. Avec ses deux obélisques en contrebas, ce point haut de Pétra était le théâtre de sacrifices d'animaux en l'honneur des dieux. Aujourd'hui, c'est uniquement un superbe point de vue sur l'ensemble du site. Les dimensions sont réellement impressionnantes et tout n'a pas encore été découvert. Je ne m'attendais pas à cela. Il faut dire que, de Pétra, la majorité des gens ne connaissent que la fameuse vue du Trésor au débouché du Siq. Vue sur Pétra depuis le Haut-Lieu du Sacrifice
Vue sur Pétra depuis le Haut-Lieu du Sacrifice
Nous redescendons par une sente non balisée qui rejoint le circuit al-Madras, ce qui nous permet de quitter le site en évitant le Siq, la fameuse gorge que nous emprunterons demain. Rejoignant le point d'entrée principal, nous avons une jolie vue sur Bab Al Siq et le Tombeau aux Obélisques. Le Tombeau aux Obélisques
Le Tombeau aux Obélisques
Un quart de route plus tard, le bus nous dépose à l'hôtel Al-Anbat, sur les hauteurs de Wadi Musa. La chambre est sympa, avec une belle vue sur la ville en contrebas, malgré une salle de bain vétuste et un peu sale. Dommage que nous soyons si loin du site de Pétra, il n'est pas question d'y retourner à pied.
Samedi 27 avril 2019
Aujourd'hui, au programme, visite du reste du site de Pétra. Nous quittons l'hôtel en bus un peu trop tard à mon goût : 8h30. Nous nous trouvons donc dans le flot de touristes descendant le Siq, la gorge débouchant sur le Trésor. L'endroit est sans doute le plus connu de Pétra, immortalisé notamment dans l'un des épisodes de la saga Indiana Jones. Au débouché du Siq, le Trésor se dévoile
Au débouché du Siq, le Trésor se dévoile
Il y a du monde pour admirer l'impressionnante façade sculptée dans la paroi de grès rose, mais moins que je ne le craignais. La petite place devant le monument est loin d'être vide, mais il est possible d'y circuler et les gens commencent à se disperser sur le reste du site.
Nous grimpons sur un promontoire pour avoir une vue un peu plus en hauteur du monument. Il faut faire la queue pour s'approcher du bord de la falaise et faire une photo des lieux, mais la vue plongeante sur le site vaut le coup d'oeil. Nombreux sont les touristes à faire des selfies, alias des égo-portraits, et presque aussi nombreuses sont les jeunes filles à prendre toutes les mêmes poses artificielles récurrentes sur Instagram. Vanité, quand tu nous tiens...
D'un point de vue historique et culturel, la visite de Pétra se révèle très intéressante. Arrivés dans la région au VIème siècle avant Jésus-Christ, les Nabatéens organisèrent le commerce de l'encens, de la myrrhe et des épices. Leur fortune amassée fut investie dans l'édification de la cité de Pétra dont ils firent la capitale de leur empire.
Des digues, des citernes et un vaste réseau de canalisations furent construits, tant pour assurer l'approvisionnement de la cité en eau que pour la protéger des crues destructrices. Les nombreuses façades de leurs temples, palais et tombeaux étaient creusées dans la paroi des gorges et montagnes, en commençant par le haut des édifices. Les Romains conquirent la ville en l'an 106. L'âge d'or de la civilisation nabatéenne était passé. Les routes marchandes évitaient Pétra au profit de Palmyre, dans l'actuelle Syrie. Deux tremblements de terre, en 363 et 551 détruisirent une grande partie du site.
La cité perdue ne fut "redécouverte" qu'en 1812 par Jean-Louis Burckhardt, un explorateur suisse déguisé en bédouin.
La visite se poursuit par la Rue des Façades avec ses tombeaux creusés dans le moindre emplacement libre des falaises. Par endroit, la roche est veinée de blanc et d'une multitude de nuances de rose, formant une véritable oeuvre d'art naturelle. Les roches colorées du site de Pétra
Les roches colorées du site de Pétra
Un peu plus loin, se tient le Théâtre avec ses gradins érodés par le temps. Initialement bâti par les Nabatéens, il fut ensuite agrandi par les Romains peu de temps après leur arrivée en l'an 106. Il avait alors une capacité de 8500 spectateurs avant d'être en partie démoli par un séisme en 363. Le Théâtre
Le Théâtre
Encore un petit effort sous la chaleur et voici les Tombeaux Royaux, d'impressionnants édifices dont l'un n'est pas sans évoquer le Trésor avec les frontons sculptés de sa façade. Plusieurs bâtiments se trouvent côte à côte, chacun dans un style différent, avec des façades plus ou moins marquées par les affres du temps. Le Tombeau du Palais, l'un des Tombeaux Royaux
Le Tombeau du Palais, l'un des Tombeaux Royaux
Dans l'un d'entre eux, le Tombeau des Urnes, Abdel nous fait une démonstration de l'acoustique des lieux en entamant l'appel à la prière. Sa voix limpide résonne dans le vaste cube vide creusé dans la montagne.
Nous prenons ensuite de la hauteur par le sentier Al-Khubta qui contourne ces tombeaux. Après quelques centaines de marches, nous voici à un belvédère surplombant le Trésor. La vue est impressionnante sur les ruines aperçues un peu plus tôt dans la matinée. Cela valait vraiment la peine d'être monté jusqu'ici. Le Trésor vu depuis le haut du sentier Al-Khubta
Le Trésor vu depuis le haut du sentier Al-Khubta
Le repas pris sous une tente bédouine un peu plus bas, une sorte de bistrot local servant du thé à la menthe, la journée est théoriquement finie. Nathalie et moi décidons de rester sur le site. Nous enchaînons avec les mosaïques de la chapelle byzantine puis le Temple aux Lions Ailés totalement en ruines face à celles du Grand Temple que nous avions déjà vu hier.
Après nous être concertés et malgré la chaleur, nous décidons de nous lancer dans l'ascension jusqu'au Monastère. Trente minutes de montée par des escaliers aux marches inégales et nous voici face à l'impressionnant édifice. Le Monastère
Le Monastère
Nous l'avions déjà admiré hier mais cette fois-ci la lumière est très belle et, en plus, il n'y a pas grand monde. Que demander de plus pour pouvoir faire de jolies photos ! Je me régale. Assis sur les rochers face à l'impressionnante bâtisse, nous profitons du moment avant de redescendre. Les boutiques de souvenir le long du sentier ferment, les ânes commencent à monter des dizaines de bouteilles d'eau là-haut, en direction des buvettes, pour préparer la journée de demain. La noria des ânes conduisant des bouteilles d'eau aux boutiques
La noria des ânes conduisant des bouteilles d'eau aux boutiques
Nous faisons une dernière halte face au Trésor dont la façade est maintenant dans l'ombre, puis empruntons le Siq en sens inverse avant de quitter le site.
Nous regagnons l'hôtel en taxi aux alentours de 18h30. Huit dinars pour la course, nous avons l'impression d'avoir été un peu arnaqués, mais il fallait bien regagner notre logement, perché quelque part là-haut sur les hauteurs de la ville.

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