C'est en taxi que nous rejoignons le point de départ de notre randonnée du jour, sur la route E10. Nous tournons le dos à la mer pour commencer à grimper dans la montagne. Le terrain très boueux
s'élève graduellement jusqu'à un petit col puis descend vers un grand lac, le Straumoyvatnet.
Straumoyvatnet sur fond de Stjerntinden (924 m)
Ici, les couleurs de l'automne ont commencé à envahir la végétation : bouleaux aux feuilles dorées, cornouillers enflammés de rouge... Le contraste est assez saisissant avec l'île de Moskenesøya, plus au sud, certes, mais guère éloignée à vol d'oiseau.
Après un nouveau lac, une bifurcation sur la gauche nous permet de rejoindre la côte orientale de l'île avec de belles vues sur l'île Vestvagøya. Le sentier se fait donc côtier, mais alterne montées et descentes. Le relief est très érodé,
avec des sommets assez bas, ronds, marqués par les anciens glaciers qui s'élevaient là il y a quelques milliers d'années. Quelques passages sont plus délicats et nécessitent de mettre les mains. Plus bas, c'est le fjord de Sørdalen qui nous barre le chemin.
Heureusement, un petit pont de bois permet de le franchir à l'endroit le plus étroit. C'est également l'occasion de ramasser de grosses moules accrochées aux rochers : voilà qui fera une partie de notre repas ce soir.
Nous progressons encore le long de la côte jusqu'à la petite ville de Napp où le taxi vient nous chercher pour nous ramener à notre rorbu de Nusfjord.
À 22 heures, je sors dans l'espoir de voir des aurores boréales, profitant du ciel dégagé. Je reste une petite demi-heure sur un gros bloc rocheux, en plein vent, mais il y a peu de chose à voir, tout juste une vague lueur qui ne donne rien de plus, alors je regagne ma chambre, un peu dépité.
Je m'apprête à me coucher quand j'entends des pas précipités sur le ponton devant ma fenêtre. Je lève le coin des rideaux : une aurore boréale est en train de naître ! Des vêtements rapidement enfilés,
l'appareil photo en bandoulière, le trépied en main, la frontale dans la poche, je me précipite dehors.
Aurore boréale au-dessus de Nusfjord
Le spectacle est magnifique (j'allais écrire "magique"). Une vaste zone du ciel est envahie de lueurs vertes allant en s'intensifiant. De véritables draperies qui se mettent à onduler. Cela ne dure
que quelques instants puis finit par disparaître... Dans l'heure qui suit, d'autres aurores boréales se développent mais aucune n'a autant d'intensité.
Le ciel dégagé de cette nuit a laissé la place à un temps couvert, chargé de nuages gris. Sur les coups de 09h00, nous partons à l'ascension du Mosestind qui domine Nusfjord. Rapidement, la pente
s'accentue avant de gagner un léger replat où nous nous engageons sur la droite pour entamer une sèche ascension jusqu'au sommet (769 m). Malgré le temps très couvert et quelques gouttes de pluie, la vue
panoramique sur tout l'archipel des Lofoten est magnifique. Loin vers le sud, on aperçoit le village de Reine niché au creux de sa baie.
Dans la descente, nous entendons une mystérieuse double explosion qui résonne un certain temps, rebondissant de paroi rocheuse en paroi rocheuse : passage du mur du son, coup de tonnerre ? Nous ne connaîtrons
jamais l'origine de ce phénomène.
Têtes de poissons séchés dans Nusfjord
Alors que la descente s'achève et que nous rejoignons Nusfjord vers 15 heures, le ciel se dégage et les rayons du soleil arrivent. Nous passons le temps à nous balader dans le village. À cette période de l'année, tout est fermé et l'accès aux lieux est gratuit.
La pleine saison s'étend sur juillet et août. Il faut alors s'acquitter d'un droit d'entrée pour visiter ce qui s'approche assez d'un éco-musée, avec les maisons colorées parfaitement entretenues, les têtes de poissons séchées suspendues sous les auvents et les panneaux
explicatifs. Les touristes y sont nombreux, paraît-il. Difficile à croire en cette mi-septembre : nous sommes quasiment les seuls à arpenter les rues.
À 17 heures, le mini-bus vient nous chercher pour nous déposer à Stamsund où nous prenons l'Express Côtier deux heures plus tard. Il s'agit du célèbre Hurtigruten, avec un confort digne d'un paquebot, qui relie le sud de la Norvège au Cap Nord en passant par les Lofoten.
L'Express Côtier arrive à Stamsund
Le soleil se couche, nous profitons du spectacle accoudés au bastingage.
Nous arrivons à Svolvaer, sur l'île d'Austvagøya, à 21 heures où un autre bus nous attend pour nous déposer à notre logement sur la presqu'île de Sildpollnes.